Elle garde sur elle
la trace à peine humide
de sa toilette du matin
sur ses cheveux châtain Elle refait son apparence
comme une oeuvre d'art
C'est par le cosmétique
qu'elle fixe le hasard
Elle cerne ses yeux
avec discernement
Moins ils sont dessinés
et plus ils sont présents
Et c'est au quart de millimètre
et par des calculs d'architecte
qu'elle compose sa toilette
Rêves de Rev-lon,
sous chaque touche, une intention
Elle détermine, grâce à la mine
(grasse) de son crayon
en filigrane,
son fond de teint
son fond de l'âme,
son ordre de femme
Et voilà qu’elle devient belle
– elle s’y emploie –
Mais le miroir en face d'elle,
e lle ne le regarde pas,
car son visage, elle le connaît
depuis longtemps, longtemps déjà
c'est le tracé de sa mémoire
qui s'offre à voir, de-ci, de-là.